Notre appréciation de la musique rock est faussée par la mythologie dionysiaque que véhiculent volontiers les journaux. La vitalité du concert – le live –, dans son énergie et sa violence même, s’est imposée, au fil du temps, comme la seule vraie « loi du rock ». Or, l’originalité de cette musique ne consiste-t-elle pas davantage dans le nouveau type d’être ou d’objet qu’elle a introduit dans le monde ?
Plus que le simple enregistrement d’une chanson préexistante, le disque de rock existe en lui-même et vaut esthétiquement pour lui-même : telle est la thèse initiée aux États-Unis par Theodore Gracyk et défendue en France par Roger Pouivet.
À cette chosification du rock, Frédéric Bisson oppose une autre ontologie, processuelle et pragmatique, de la phonographie, inspirée notamment par Whitehead et Deleuze. Disputer de l’essence du rock n’est cependant pas un loisir de philosophes. Car le rock lui-même ne fait pas que hurler ou saigner, il pense. Il ne pense pas philosophiquement, avec des concepts, mais musicalement, avec des affects – affects concrètement incarnés dans les disques et intégrés dans des formes de vie qu’ils stimulent.
Par la répétition phonographique, les intensités rock s’instillentdans le rythme de la vie quotidienne. Elles essaiment en même temps une communauté virtuelle dont la forme nouvelle trouve ici une description à sa mesure.
Prologue. . 9
Introduction : Les deux côtés de l’ontologie. . 15
Ontologie des tubes. . 17
Nouveauté ontologique du rock. . .30
Pour un réalisme processuel. . .44
Section I : Affects
i. Polyvalence de l’identité. . 55
ii. L’effet phonographique. . 61
iii. Comment la phonographie
a transformé l’expérience musicale. . .68
iv. Éloge de l’erreur : les puissances du faux. . 75
v. Qu’est-ce qu’un effet ?. . .86
Section II : Processus
i. L’oeuvre rock est un objet virtuel, perceptuel et processuel. . 96
1. L’oeuvre-type existe séparément de ses occurrences. . 96
2. L’oeuvre-type est un objet virtuel. . 98
3. L’objet rock est un objet perceptuel et processuel. . .101
4. L’oeuvre rock et les oeuvres musicales en général ne sont pas seulement des possibles, ce sont des objets virtuels immortels, mais non éternels. . .102
ii. L’objet phonographique rock idéalise des événements. . .105
iii. L’oeuvre rock objectifie un nexus de processus actuels. . .112
1. Les processus de studio. . .112
2. Le problème de la relation entre l’oeuvre et ses processus productifs : « préhension » vs « survenance ». .122
3. Conclusion : contre le dualisme schizophone. . .139
Table
Section III : Pratiques
i. Usages quotidiens du rock. . .147
1. Concurrence des idiots. . .147
2. Les deux pôles de la répétition phonographique.. . .150
3. La répétition complexe, le modèle de la cristallisation.. . . 159
ii. Le problème du concert rock. . .167
Section IV : Masse et culture
i. Contre la scission masse/culture. . .. .183
ii. Le rock contre la musique de masse. . .189
iii. Communautés en essaim. . .195
iv. Pour une analyse tétrapartite de la musique. . .198
v. Réponse anticipée à deux objections. . .203
Conclusion. . .207
Épilogue. . .213
Bibliographie. . .217
Index des noms. . .221
Christian Ruby · « Faire rocker la pensée »
«Une philosophie de la musique enregistrée, dont découle une analyse des tubes du rock par les concepts. »
Antoine Couder · « L’œuvre en studio »
« Dans son Essai d’ontologie phonographique, le philosophe Frédéric Bisson montre en quoi le rock a renouvelé nos catégories esthétiques en faisant de l’enregistrement un instrument d’écriture musicale. »
Editeur : Questions Théoriques
Collection : Ruby Theory
Publication : 18 octobre 2016
Edition : 1ère édition
Intérieur : Noir & blanc
Support(s) : Livre papier
Poids (en grammes) : 250
Langue(s) : Français
EAN13 Livre papier : 9782917131442
Frédéric Bisson · La Pensée rock
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